Il y en a quatre sortes :
1) L’impérialisme des minorités, où l’autorité s’exerce par en haut ; dictature des aristocraties de naissance ou ploutocratiques contre les masses populaires.
2) L’Impérialisme des majorités, où l’autorité s’exerce par en bas ; dictature des masses populaires tendant à la suppression des aristocraties de naissance et ploutocratiques.
3) L’Impérialisme démocratique, où l’autorité s’exerce à l’aide du suffrage restreint qui crée un gouvernement issu d’une majorité d’électeurs, contre une minorité composée d’adversaires ou une « majorité » composée « d’adversaires et d’abstentionnistes. »
4) L’Impérialisme de la personne humaine, ou Individualisme. Il faut ici donner à ce mot son sens strictement philosophique et non bourgeois. Cet impérialisme a eu pour principaux proclamateurs Épicure, Epictàte, — Stirner, Ibsen, Gobineau, Nietzsche, — de nos jours Camille Spiess. Nous n’oublierons pas Rabelais au XVIe siècle et Anatole France que les dieux nous conservent fort heureusement et qui furent des chantres merveilleux de la vie et de la dignité humaine.
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L’Impérialisme de la personne humaine ou Individualisme est l’attitude « aristocratique » de l’homme qui a pris conscience de lui–même. Sachant la place qu’il occupe dans l’espace et dans le temps, synthèse de forces qui activent son être et qui font qu’il « vit », profondément pénétré des lois de l’harmonie universelle, il ne reconnaît d’autres lois que celles de sa conscience élevée. Favorable à tout ce qui tend à maintenir l’équilibre harmonieux entre son être et un milieu adéquat, irréductible adversaire de tout ce qui favorise la destruction de cet équilibre, au–dessus des religions négatrices et des morales d’esclaves, il porte en lui la force ascensionnelle qui élève son âme et qui fait de lui « l’Homme » libre et responsable, le créateur de sa personnalité consciente et de sa destinée. Celui-là seul est un homme, au sens noble du mot. Le socialisme ne peut avoir de valeur et être désirable que s’il est susceptible de favoriser l’éclosion de tels hommes. Sinon, il ne sera qu’un système économique qui permettra à tous les hommes de manger à leur faim, ainsi que l’a très bien exposé Wells dans ses anticipations, à condition qu’ils soient tous des esclaves. Le règne du socialisme n’est pas encore arrivé, mais il approche, selon toutes les apparences qui nous étreignent. Qu’il laisse au christianisme l’honneur d’avoir tué l’homme. Qu’il ait à cœur de le ressusciter.
C’est « en restant dans l’expectative », la grâce que je lui souhaite… »