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Les cadeaux de Donald Trump à Netanyahou creusent le fossé entre les Américains et Israël

posté le 27/02/18 Mots-clés  solidarité  antifa  Peuples natifs 

Trump aurait fait savoir qu’il déplacera effectivement l’ambassade des USA de Tel Aviv à Jérusalem à la mi-mai, mais si Netanyahou espère faire oublier ses problèmes de corruption avec ce genre de cadeau, il ne redore pas en revanche le blason israélien auprès de l’opinion publique américaine, analysent les observateurs.

"Netanyahou a peut-être remporté des succès à court terme, en courtisant à fond les conservateurs américains, mais il creuse en même temps sa tombe auprès de l’opinion publique américaine, y compris des juifs progressistes", commente ainsi Ramzy Baroud, journaliste et écrivain américain qui dirige Palestine Chronicle.

Passant en revue les sondages aux USA, Ramzy Baroud souligne la chute des bonnes opinions sur Israël non seulement au sein des Démocrates, mais aussi de la jeunesse étatsunienne.

Et la nouvelle annonce, d’un transfert de l’ambassade des USA à Jérusalem à l’occasion de "l’anniversaire de l’indépendance de l’Etat d’israel" et du même coup de la Nakba, réjouit sans doute Netanyahou, dont la courte vue obère le fait que cela va donner une occasion de faire découvrir à l’opinion public, notamment américaine ce qui s’est réellement passé en mai 1948 et démystifier la propagande mensongère d’Israel !

La création de l’Etat d’Israel, parlons-en !

L’histoire officielle d’Israël a reposé, depuis 1948, sur le mensonge consistant à dire que les 800.000 Palestiniens qui ont pris le chemin de l’exil et sont devenus des réfugiés seraient partis volontairement, à la demande des Etats arabes environnants. En réalité, l’expulsion, par tous les moyens, du maximum d’habitants non juifs de la Palestine, et la conquête du maximum de leurs territoires, fut un objectif constant du sionisme, aussi ancien que l’idée même, exprimée pour la première fois à la fin du XIXème siècle, de création d’un Etat juif en Palestine.

« Les Arabes doivent partir, mais nous avons besoin d’un moment favorable pour que cela arrive, par exemple une guerre », écrivait en 1937, dans une lettre à l’un de ses fils, le chef de file du mouvement sioniste et futur fondateur de l’Etat d’Israël, David Ben Gourion.

Avec la fin annoncée, à partir de 1947, de la présence britannique, les dirigeants sionistes constatent que le rapport de forces, diplomatique et éventuellement militaire, leur est désormais favorable.

Le 10 mars 1948, une dizaine de responsables réunis par David Ben Gourion approuvent les derniers détails de leur « plan D ». Il comporte la description de tous les villages de Palestine, avec des détails sur la manière d’attaquer militairement chacun d’entre eux, d’en chasser les habitants, et même d’exécuter sommairement des centaines d’hommes, considérés comme « suspects », dont des listes nominatives ont été soigneusement dressées. Le « plan D » est ensuite distribué, pour application immédiate, aux officiers des 12 brigades de la Haganah, l’armée juive, qui connaît à ce moment un développement fulgurant, tant en effectifs qu’en équipement moderne.

De la mi-mars au 15 mai 1948 — date programmée du départ du dernier soldat britannique de Palestine — se déroule alors, non pas comme le rabâche l’histoire officielle, la « première guerre israélo-arabe », mais la vaste opération de nettoyage ethnique lancée par une Haganah forte de 90.000 hommes, auxquels la résistance palestinienne ne saura opposer que quelques milliers de miliciens villageois à l’armement dérisoire.

Dès la fin du mois de mars, au moins trente villages arabes ont été rayés de la carte, selon le schéma : encerclement de la localité, rassemblement de la population, ordre donné de fuir, mise à l’écart des « suspects » et leur exécution immédiate. Après une phase de pillages et de violences diverses, suit la destruction de toutes les maisons jugées impropres à un habitat juif, voire du village entier, sur les ruines duquel seront édifiés des kibboutz et autres colonies juives.

Un des épisodes les plus sanglants de la période est resté dans les annales : le massacre des villageois de Deir Yassin, près de Jérusalem, le 9 avril 1948. Les dirigeants de l’Etat juif ont longtemps mis cette exaction sur le compte de la milice dite « extrémiste » de l’Irgoun, et ont juré leurs grands dieux que jamais la Haganah n’aurait pu tuer délibérément des femmes et des enfants. Faux ! Non seulement parce qu’il y a eu beaucoup d’autres villages martyrs, où la Haganah a opéré en solo, mais parce que la Haganah a bel et bien participé elle-même à la tuerie de Deir Yassin.

Après les villages, les villes : successivement, les principales villes palestiniennes sont attaquées, à Jaffa, Nazareth, Tibériade, à Acre et à Haïfa, dont les habitants arabes sont contraints par milliers de fuir par la mer.

Parmi les épisodes les plus spectaculaires de cette phase de la tragédie palestinienne, on peut citer les « exploits » de deux jeunes officiers israéliens promis à de brillantes carrières, Moshe Dayan et un certain Yitzakh Rabin, qui ordonnent l’expulsion des 70.000 habitants des villes arabes de Lydda (Lod) et Ramleh. L’exode des Palestiniens, jetés sur les routes sans vivres, sans eau et sous un soleil de plomb, se transforme en marche de la mort pour des centaines d’enfants et de vieillards.

Lorsque s’achève cette première phase, au cours de laquelle les armées des pays arabes avoisinants ne sont pas encore intervenues, plus de 10.000 Palestiniens, dont une large majorité de civils désarmés, ont été tués par les forces sionistes, et 300.000 au moins ont été chassés.

Les dirigeants des Etats arabes, pas plus que les dirigeants sionistes, ne souhaitent l’établissement d’un Etat arabe indépendant en Palestine. C’est pourquoi, lorsqu’ils interviennent en Palestine après le 15 mai, il s’agit principalement pour eux, de faire acte de présence pour apaiser l’émotion de leurs propres opinions publiques émues par la tragédie de leurs frères palestiniens, et ils n’envoient que des contingents réduits, inférieurs numériquement et en armement à la puissance israélienne. Finalement, les combats avec les armées arabes, interrompus à plusieurs reprises sur injonction des Nations et Unies, où chaque grande puissance (Grande-Bretagne, Etats-Unis, Union Soviétique principalement) n’a pas encore clairement déterminé qui pouvaient être ses alliés ou vassaux régionaux, feront un seul perdant incontestable, la population palestinienne. Ils permettront au roi de Jordanie de s’emparer de la Cisjordanie et de la moitié de Jérusalem, à l’Egypte d’occuper la minuscule bande de Gaza encombrée de centaines de milliers de réfugiés palestiniens chassés par le nouvel Etat juif, et à celui-ci de s’agrandir au point d’occuper 78% du pays. Au plan territorial, cette situation restera dans l’ensemble figée jusqu’en 1967.


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