« Service d'ordre Parade » du PTB

Je vais décrire ici ce que beaucoup connaissent déjà très bien dans la militance (le fonctionnement du PTB), sauf que ce texte n’est pas destiné à celles et ceux qui – comme moi – croient se donner un rôle dans l’histoire révolutionnaire, mais à celles et ceux qui sont à la recherche – voire ont rejoint récemment – une alternative incarnée par le PTB.

Ce dimanche 19 octobre, « tout le peuple de gauche » était invité par le PTB à descendre dans la rue pour s’opposer au gouvernement des patrons et son catalogue d’austérité mortifère.

Sur place : deux salles, deux ambiances.

D’un côté, les personnes qui portent une banderole, une pancarte, un drapeau, un tract ou un message du PTB et toutes les personnes qui ne portent rien. D’un autre côté, toutes les personnes qui portent des messages ou logos autres que le PTB. Ces dernières ont été, dès les premières minutes, entourées par un service d’ordre et priées de rester à distance du cortège, empêchées de se déplacer pour être confinées à l’arrière par un cordon de stewards interne à la manifestation. On ne peut donc participer pleinement à ce cortège que si l’on abandonne son identité. C’est comme cela que le PTB prétend donc « représenter » les travailleur.euse.s ?

Ok. Le PTB se sent grisé par ses 8 élus acquis sur une liste PTB-GO aux dernières élections. Le GO ? Où en est-on dans la prétendue ouverture à gauche ? Et bien, reléguée à l’arrière (associations, syndicalistes combatifs, trotskistes, anarchistes, anti-étiquettistes, plateformistes, ...). Puisqu’on sait que des exemples expriment parfois mieux la réalité que de longues tirades politisées, voici ce que j’ai vécu dans ma petite expérience de dimanche ensoleillé :

- « Montre ta banderole. Ce n’est pas du PTB ça ? Tu restes là »
- « Restez polis, on vous autorise à être là, dans la rue, c’est déjà bien »
- « On veut juste que ce soit pas le bordel, c’est une manif’ du PTB »
- « Fils de pute, tu bouges pas »

Ou cette femme entourée de trois mecs parce qu’elle avait le malheur de porter un drapeau rouge et noir à l’intérieur du cortège, ou ce père avec une poussette qui s’est pris des coups de pieds de « stewards » avec son gosse à portée de tir...

Bref. À quoi bon ce petit mollard ?

Pas uniquement parce que les gens que j’ai réussi à convaincre de venir à Bruxelles hier ne reviendront plus (« vous n’avez même plus besoin de la police pour vous diviser, c’est pitoyable »), mais parce que ça fait particulièrement peur...

Ce n’est pas le fonctionnement du PTB qui me fait peur. Je le connais : ce qui n’est pas sous le contrôle du PTB = bordel. Ce qui me fait peur, c’est que l’écrasante majorité des gens qui portent actuellement un espoir envers le PTB ne le font pas encore de manière critique. Ce qui me fait peur c’est que dans la quinzaine de discussions avec des membres (stewards-pions, membres comac et militant.e.s), seulement deux ont émis une possibilité d’éventuelle remise en cause, de prise de distance et réflexion – sur base d’une expérience concrète – par rapport à leur structure et à son attitude.

C’est cela le réveil social, la révolution en marche, la résistance large, le socialisme 2.0... c’est l’obéissance au PTB ? C’est ça qui va nous faire gagner contre les méchants de droite et le capital ?
À ce tarif là, « le peuple de gauche » est déjà mort.

Je n’ai aucune confiance dans le PTB, par contre je suis conscient de ce que traduit l’élan qu’il concentre depuis un moment. Une recherche d’alternative par une partie non négligeable de la population. Et le seul rôle qu’on puisse vouloir se donner, c’est d’aider un maximum de personnes à se rendre compte que l’alternative ne vient jamais sans un réel travail partant de la pluralité, sans une implication de toutes et tous avec esprit critique, qu’elle ne viendra jamais par un suivisme aveugle envers une structure (quelle qu’elle soit, d’ailleurs).

J’invite donc par ce petit mollard toute personne « de gauche » à penser par soi-même, à œuvrer pour un objectif social et non pour une structure.


publié le 20 octobre 2014