La Fabrique du musulman mentionne bien quelques textes signés par des militant-e-s d’AL. On comprend que je prends mes distances avec certains ou que je souligne l’intérêt d’autres. Par exemple, j’exprime mon désaccord avec l’appel « Libertaires et sans concession contre l’islamophobie », mais j’approuve la réponse du collectif AL de Montpellier. Par ailleurs, je m’interroge sur l’opportunité de promouvoir le féminisme « décolonial » ou « islamique » (Alternative libertaire, novembre 2016). Est-ce de la sorte que j’attaquerais « violemment » AL ?
La Fabrique du musulman ne mentionne pas Maman toutes égales. Il serait donc difficile de « viser » cette association puisqu’il n’en est question que dans l’imagination de Jean-Yves Lesage. Il était donc impossible de présenter Hoùria Boùteldja comme la « porte-parole » de ce collectif pour tenter son « exécution ». En revanche, on trouve aux pages 48-49 de mon livre l’extrait d’un article qui cite « Hoùria Boùteldja, animatrice du collectif Une école pour toutes » (Libération, 14 juillet 2004). Il ne s’agit donc ni de la même fonction ni du même groupement et encore moins de la même période.
La Fabrique du musulman utilise à trois ou quatre reprises le qualificatif « islam0-gauchiste », au singulier ou au pluriel, mais toujours entre guillemets. On ne va pas apprendre à un ouvrier du livre [1] les subtilités de la typographie : il s’agit d’une mise à distance ou d’une citation. Pour ce dernier cas de figure, je l’ai notamment utilisé en page 12 en citant Alain Gresh qui, dans un entretien, déclare accepter de se définir comme « islam0-gauchiste » (Ballast, 1er novembre 2016). Jean-Yves Lesage pourra toujours dire à l’interlocuteur de Tariq Ramadan qu’il s’agit là d’un « concept confus ».
Je laisse aux militants et sympathisants d’AL – à commencer par ceux qui ont lu ou liront La Fabrique du musulman – le soin de déterminer s’il est opportun de parler d’« amalgames » de toutes sortes, de méthode « très policière » ou de concept « très stalinien ». Jean-Yves Lesage a le droit d’exprimer ses inévitables divergences mais il le fait en des termes bien moins respectueux que lorsqu’il parle du PIR, grâce à qui, selon lui, « des thèmes de réflexions indispensables ont été introduits dans le débat public en France ». Là réside notre désaccord… mais critiquer ne veut point dire calomnier.