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L’Occident et les djihadistes : chronique d’une hypocrisie

posté le 02/11/20

Article publié sur acta.zone

« Nous sommes en guerre ». Depuis l’atroce assassinat par décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), par un jeune fanatique de 18 ans, Abdoulakh Anzorov, la rhétorique martiale de la défense des « valeurs républicaines » contre « l’hydre islamiste » s’exprime avec une véhémence inédite.


Moudjahidine afghan équipé d’un missile américain Stinger

« Profitant de cette tragédie » (comme l’a innocemment suggéré Christophe Barbier), l’État s’est lancé dans une nouvelle offensive islamophobe visant à la persécution voire à la dissolution de toute une série d’organisations et d’associations musulmanes. On a vu ces derniers jours des personnages que l’on pensait définitivement relégués aux poubelles de l’histoire ressurgir de leur néant propre, tel François Fillon qui a exigé que l’on bannisse le voile « de tout l’espace public ». La chaîne détenue par Vincent Bolloré, CNews (sorte de Fox News à la française en état de radicalisation permanente), est la tête de gondole d’un déchaînement médiatique inouï [1], qui voit se succéder du matin au soir politiciens d’extrême-droite et commentateurs racistes. Les uns appellent à la « criminalisation de l’idéologie », les autres au « retour du service militaire », voire au « rétablissement du bagne » (qui permettrait, selon l’éditorialiste maison Guillaume Bigot, d’envoyer les djihadistes sur les îles Kerguelen). Un animateur se lamente de ce que « c’est l’État de droit qui est le synonyme de notre désarmement », l’un de ses invités nous enjoint d’« accepter l’idée que certaines immigrations sont incompatibles avec la France », tandis qu’un autre appelle à « mettre en cause tous les collabos des islamistes »…

Attardons-nous sur cette dernière expression. À chaque nouvel attentat sur le sol français se cristallise la figure de « l’ennemi absolu » [2] contre lequel il s’agit, comme l’a énoncé Macron avec emphase, de mener un « combat à mort » [3]. Face à la barbarie du décapiteur obscurantiste se dresse l’Occident des Lumières, des droits humains et de la liberté d’expression. Mais de quelle hypocrisie le discours sur l’antagonisme entre « démocraties occidentales » et « terrorisme islamiste » – obsessionnellement relayé par nos gouvernants depuis au moins deux décennies – est-il le nom ? La traque des « complicités intellectuelles » du terrorisme et la dénonciation opportune de « l’islamo-gauchisme » [4] ne sont-elles pas de grossiers subterfuges permettant de dissimuler la responsabilité historique (et toujours actuelle) de l’impérialisme occidental lui-même et de ses alliés ? Ce monstre que les démocraties libérales prétendent combattre, n’est-il pas en fin de compte leur propre créature ?


Février 1983 : Ronald Reagan avec les leaders moudjahidines afghans au Bureau Ovale de la Maison Blanche

Un bref retour en arrière s’impose. À la fin des années 1970, l’armée américaine vient de subir une cinglante défaite au Vietnam. Les victoires des luttes de libération nationale en Angola et au Mozambique ou encore de la révolution sandiniste au Nicaragua sont perçues par le camp atlantiste comme les signes d’une offensive globale à laquelle il s’agit de mettre un coup d’arrêt. C’est ainsi que les États-Unis décident dès l’été 1979 – avant même l’intervention de l’Armée rouge donc – d’appuyer la rébellion islamiste qui s’oppose au gouvernement communiste afghan fraîchement installé au pouvoir (et soutenu par l’URSS). Après une première directive signée par Carter en juillet, restreinte à un soutien logistique et propagandiste, l’administration américaine autorise, dans la foulée de l’invasion soviétique, la livraison d’armes aux moudjahidines (« combattants de la foi engagés dans le djihad ») afghans. Décembre 1979 : c’est le début du « programme afghan » de la CIA qui se met en place dans une collaboration étroite avec les services saoudiens et pakistanais.

Un personnage alors méconnu mais dont la carrière ultérieure lui vaudra une renommée internationale joue un rôle non négligeable dans cette séquence : il s’agit d’Oussama Ben Laden. L’ambassadeur saoudien aux États-Unis de 1983 à 2005, Bandar Ben Sultan, qui a assuré une fonction d’intermédiaire durant le conflit afghan, raconte : « Nous étions en relation avec Ben Laden quand la CIA et l’Arabie saoudite aidaient nos frères moudjahidines en Afghanistan à se débarrasser des forces soviétiques. Oussama ben Laden m’a dit : “Merci. Merci de nous amener l’aide américaine.” » [5]. Issu d’une famille de milliardaires saoudiens, Ben Laden est approché par le prince Turki al-Fayçal (à cette époque chef des services secrets de l’Arabie Saoudite) pour organiser le recrutement de volontaires djihadistes à destination de l’Afghanistan [6]. C’est ainsi qu’il y est reçu par Djalâlouddine Haqqani, l’un des principaux chefs militaires de la coalition islamiste, abondamment financé par l’Inter-Services Intelligence pakistanais et la CIA – à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars. Avant de devenir la bête noire des États-Unis, Haqqani était en effet pour eux un « atout précieux »contre la menace soviétique. Ses succès militaires dans les années 1980 sont ainsiloués par le député américain Charles Wilson, chargé du « programme afghan » auprès du président Reagan, qui le considère comme « une bénédiction ». Il fut même, dit-on, reçu à la Maison Blanche par Ronald Reagan qui voyait en lui un « freedom fighter » [7].

En France, journalistes et intellectuels rivalisent de lyrisme pour soutenir les « combattants de la foi » contre « l’envahisseur russe ». Comme l’explique Denis Souchon [8], « peu importe que la quasi-totalité de ces combattants héroïsés soient des musulmans traditionalistes, intégristes, même. À cette époque, la religion n’est pas nécessairement perçue comme un facteur de régression, à moins qu’elle s’oppose, comme en Iran au même moment, aux intérêts stratégiques occidentaux ».

Le Monde écrit ainsi dans son édition du 20 mai 1985 : « Les Afghans ont la pudeur et le fatalisme qu’implique une confiance absolue en la volonté d’Allah. On dirait qu’il n’existe pas de mode de vie plus attrayant ni d’occupation plus élevée que celle de combattant de la guerre sainte. Elle rapproche chacun de la vie du Prophète ».

Bernard Henri-Lévy, déjà, enfilant son costume de propagandiste zélé de l’impérialisme euro-atlantique (qu’il ne quittera plus), déclare [9] : « Les Afghans ne peuvent vaincre que s’ils ont des armes, ils ne pourront vaincre des chars qu’avec des fusils-mitrailleurs, ils ne pourront vaincre les hélicoptères qu’avec des Sam-7, ils ne pourront vaincre l’armée soviétique que s’ils ont d’autres armes (…). Je crois qu’aujourd’hui les Afghans n’ont de chances de triompher que si nous acceptons de nous ingérer dans les affaires intérieures afghanes ».

Il ne croyait pas si bien dire. En 1986, alors que la situation militaire sur le terrain semble stagner, les États-Unis prennent l’initiative d’une escalade qui fait basculer le rapport de forces en abolissant le contrôle soviétique de l’espace aérien : ils décident d’équiper les moudjahidines afghans de missiles sol-air Stinger capables de frapper les hélicoptères et avions de combat (voir photo d’illustration plus haut).

Le tournant des années 1980 marque en France une bifurcation idéologique de laquelle nous peinons d’ailleurs toujours à sortir. Avec l’arrivée sur le devant de la scène médiatique des « nouveaux philosophes » (dont BHL est le porte-étendard) commencent la criminalisation de l’hypothèse communiste, la disqualification du marxisme, l’apologie sans nuance de la démocratie libérale et de l’économie de marché. Au même moment (et singulièrement au cours du premier mandat de Mitterrand), on assiste à l’effacement progressif, dans les discours officiels, du nom « ouvrier » au profit du nom « immigré ». C’est par exemple un ministre socialiste (et non quelque obscur conseiller départemental du FN) qui affirme en 1983 que les grévistes de Renault – en effet majoritairement algériens ou marocains – sont des « travailleurs immigrés agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises ». Avant que Laurent Fabius, premier ministre de Mitterrand, ne déclare en 1984 que Jean-Marie Le Pen « pose les bonnes questions ».

Alors que les moudjahidines afghans sont quasi unanimement encensés dans leur lutte contre l’empire soviétique, les lois scélérates et persécutoires se succèdent ciblant les prolétaires issus de l’immigration post-coloniale, dans un contexte de « lepénisation » accélérée des esprits. Parallélisme faussement paradoxal qui ne cessera de se vérifier par la suite : l’impérialisme instrumente sans vergogne l’islamisme à l’extérieur de ses frontières cependant qu’il approfondit le racisme d’État et l’islamophobie domestique.

En Afghanistan, l’administration américaine ne pensait au départ que déstabiliser son rival soviétique, ne croyant pas à une victoire des moudjahidines. Elle réalise pourtant son objectif stratégique : l’Afghanistan est devenu pour l’Union soviétique ce que le Vietnam avait été pour les États-Unis. Au terme de 10 ans d’une guerre épuisante et de pertes considérables, l’Armée rouge est contrainte de se retirer en 1989. Un an plus tard, l’URSS s’effondre.

Au total on estime que jusqu’à 35 000 djihadistes étrangers issus de 43 pays différents ont participé à la guerre d’Afghanistan. Beaucoup trouveront à se redéployer au cours des années suivantes sur différents théâtres de conflit, des Balkans au Maghreb en passant par le Caucase. Le réseau afghan mis en place par Ben Laden fournit la base de ce qui deviendra Al-Qaïda – véritable plateforme organisationnelle du djihadisme international.

Le 15 janvier 1998, Le Nouvel Observateur demande à Zbigniew Brzezinski, conseiller pour les affaires de sécurité du président américain James Carter, s’il « ne regrette pas d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir donné des armes, des conseils à de futurs terroristes ». Sa réponse : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »


Alija Izetbegović en compagnie des membres de l’unité El Moudjahid dans le village de Vozuća en Bosnie (1995)

Au cours de la décennie suivante, les éléments de méthode expérimentés en Afghanistan s’exportent dans les Balkans et le Caucase. Poursuivant son objectif stratégique de démantèlement de la Yougoslavie fédérale (qui, alors que l’URSS se désintègre, demeure l’un des derniers États à n’avoir pas torpillé ce qui restait de son économie socialisée sur l’autel de la dictature du marché), l’Occident favorise la montée des forces sécessionnistes les plus réactionnaires. En Bosnie, c’est Alija Izetbegović qui a les faveurs du camp euro-atlantique, lui dont l’activisme de jeunesse l’avait conduit à soutenir la division Handžar de la Waffen-SS [10] et en qui son admirateur inconditionnel Bernard Henri-Lévy voit le « De Gaulle de la Bosnie en lutte ».

Sous son autorité, l’armée de Bosnie-Herzégovine laisse se constituer en son sein des unités autonomes de volontaires djihadistes, tandis que se multiplient les camps d’entraînement pour moudjahidines du monde entier. « Il ne fait plus de doute que les dirigeants du SDA d’Alija Izetbegović ont cherché à faire venir en Bosnie-Herzégovine des islamistes étrangers avant même le début du conflit » [11]. Ils seront plusieurs milliers à combattre entre 1993 et 1995. Izetbegović rencontre à plusieurs reprises Oussama Ben Laden qui finance et arme les moudjahidines bosniaques, notamment via l’organisation prétendument humanitaire Third World Relief Agency (TWRA). Il recevra d’ailleurs la nationalité bosnienne en 1993.

De sinistre mémoire, l’unité El-Moudjahid, intégrée au 3ème corps de l’Armée de Bosnie-Herzégovine et fondée par un proche de Ben Laden (le saoudien Abu Abdul Aziz, vétéran du djihad afghan), se compose ainsi de volontaires étrangers et bénéficie d’un encadrement assuré par des religieux d’obédience wahhabite [12]. Elle est demeurée « célèbre » pour une série de massacres particulièrement atroces incluant des décapitations filmées et photographiées de prisonniers serbes (soldats comme civils) dont les images ont fait le tour du monde. Alors que les accords de Dayton en 1995 prévoyaient le retrait sous 30 jours de tous les combattants étrangers, Izetbegović distribue – par gratitude pour services rendus – des centaines des passeports aux moudjahidines internationaux, permettant à beaucoup de rester en Bosnie.

Tout au long de la guerre, les États-Unis ont en particulier facilité la livraison d’armes à destination des combattants bosniaques en contournant l’embargo international (qu’eux-mêmes soutenaient officiellement) [13]. Les journaux de l’époque se font l’écho de l’implication états-unienne : « Des agents de la CIA forment l’armée bosniaque », titre The Manchester Guardian le 17 novembre 1994. Quelques mois après la fin de la guerre le Los Angeles Times note dans un article du 11 novembre 1997 que « la station de la CIA en Bosnie est désormais réputée l’une des plus grandes de la région ».


Hashim Thaçi (au centre), « l’interlocuteur privilégié de la DGSE », et ses compagnons de l’UÇK

Il est établi que Ben Laden a financé à hauteur de plusieurs millions de dollars les séparatistes albanais de l’UÇK (« Armée de Libération du Kosovo ») dont certains combattants se sont entraînés dans des camps d’Al-Qaïda en Afghanistan et en Bosnie-Herzégovine [14]. Mohammed Al-Zawahiri, le frère de l’actuel chef d’Al-Qaïda (et numéro 2 du temps de Ben Laden) a même dirigé une unité d’élite de l’UÇK.

Or comme le rappelle Jean-Arnault Dérens [15], « Hashim Thaçi et l’UÇK sont largement une création des services occidentaux ». La DGSE par exemple entretient des liens privilégiés avec Hashim Thaçi, à l’époque l’un des principaux dirigeants de l’UÇK et futur chef de l’État autoproclamé du Kosovo. Comme le rapport un article du Guardian, « Le SHIK [service secret de l’UÇK] a reçu un soutien particulier du renseignement extérieur français, tout comme de la CIA. […] Des communications militaires serbes interceptées par les Britanniques durant la guerre ont même révélé que des officiers de la DGSE avaient été tués aux côtés de combattants de l’UÇK lors d’une embuscade serbe ». L’enquête publiée par Mediapart raconte également qu’une « importante délégation de cadres de l’UÇK » avait reçu « une formation au centre parachutiste d’entraînement spécialisé (CPES) de Cercottes, dans le Loiret » quelques semaines avant la conférence de Rambouillet. Que l’UÇK se livre à des activités criminelles telles que le trafic d’héroïne ou encore le trafic d’organes d’êtres humains ne semble pas le moins du monde déranger ses protecteurs occidentaux [16].

Comme à chaque fois, les menées impériales sont légitimées par l’activisme idéologique d’intellectuels serviles. Bernard-Henri Lévy, Pascal Bruckner ou encore André Glucksmann co-signent ainsi une tribune dans Le Monde le 7 mai 1999 appelant à « aider l’UÇK moralement, politiquement, financièrement ». À l’issue d’une guerre d’agression (à laquelle participe la France) contre la Yougoslavie marquée par 78 jours de bombardements entre mars et juin 1999, le Kosovo est transformé en protectorat de l’OTAN. Les dirigeants de l’UÇK sont portés au pouvoir tandis que les États-Unis y installent le Camp Bondsteel – plus grande base militaire américaine en Europe. En 2017, après dix ans d’existence d’un État mafieux formellement indépendant, toujours sous occupation des troupes de l’OTAN et ethniquement purifié de la quasi-totalité des minorités ethniques non-albanaises, une enquête du Courrier international montre « comment le Kosovo est devenu le bastion du djihadisme en Europe » avec le plus grand nombre de combattants de Daech par habitant.


Le chef de guerre djihadiste Chamil Bassaïev (à gauche) avec Aslan Maskhadov, président indépendantiste tchétchène qui a bénéficié du soutien occidental au titre de son positionnement « modéré » – 1999

Au tournant des années 2000, les États-Unis, désormais hyperpuissance incontestée depuis la chute de l’URSS, cherchent à pousser leur avantage en profitant d’une Russie exsangue pour favoriser son morcellement territorial – tout en mettant la main sur les juteuses ressources pétrolières du Caucase. Il s’agit notamment d’assurer l’hégémonie du pipeline sous contrôle anglo-américain qui, partant de Bakou, traverse la Géorgie et la Turquie pour aller jusqu’à la Méditerranée, au détriment de l’oléoduc sous contrôle russe, sans concurrence à cette époque, qui partait également d’Azerbaïdjan mais pour rejoindre Novorossiisk (port de commerce sur la Mer Noire) en passant par… la Tchétchénie.

C’est ainsi qu’il faut comprendre le soutien états-unien aux séparatistes tchétchènes, mené en particulier par le Comité Américain pour la Paix en Tchétchénie (American Committee for Peace in Chechnya), que co-préside Zbigniew Brzezinski (déjà cité plus haut à propos de l’Afghanistan). On y retrouve la fine fleur de la fraction néo-conservatrice de l’appareil d’État US : Richard Perle, conseiller du Pentagone ; Elliott Abrams, personnage-clé de l’affaire Iran-Contra ; Kenneth Adelman, ancien ambassadeur américain aux Nations Unies et grand partisan de l’invasion de l’Irak ; Midge Decter, biographe de Donald Rumsfeld ; Bruce Jackson, ancien officier du renseignement militaire et vice-président de Lockheed Martin (première entreprise américaine et mondiale dans le secteur de l’armement) ; ou encore James Woolsey, ancien chef de la CIA et proche de George Bush [17]. En somme les défenseurs les plus exaltés de la « guerre au terrorisme », obsédés par le dépeçage de la Russie et soudainement moins regardants vis-à-vis de leurs protégés tchétchènes.

Or qui retrouve-t-on à la tête des forces tchétchènes au cours des deux guerres contre la Russie ? À nouveau des chefs militaires ayant fait leurs classes en Afghanistan. Deux des principaux leaders séparatistes, Chamil Bassaïev et Ibn al-Khattab, notoirement proches d’Al-Qaïda, ont en effet reçu leur formation militaire et idéologique dans les camps d’entraînement afghans :

« En 1994, les Services de renseignement pakistanais ont organisé pour Bassaïev [qui deux ans auparavant était parti combattre à la tête d’un bataillon tchétchène aux côtés des forces azerbaïdjanaises dans leur guerre infructueuse contre les Arméniens au Haut-Karabagh] et ses lieutenants de confiance un endoctrinement intensif et un entraînement à la guérilla dans la province de Khost, en Afghanistan, au sein d’un camp installé au début des années 1980 par la CIA et les Services de renseignement pakistanais et dirigé par le célèbre seigneur de guerre afghan Gulbuddin Hekmatyar [personnage de premier plan dans la lutte contre l’URSS en Afghanistan au cours des années 1980, soutenu à ce titre par les États-Unis et le Pakistan] » [18].

Le saoudien Khattab organise en Tchétchénie une milice de djihadistes internationaux (principalement arabes) jusqu’à son élimination par le FSB en 2002 tandis que Bassaïev revendique plusieurs attentats sanglants sur le sol russe au début des années 2000 dont la prise d’otage de Beslan en septembre 2004 qui fait près de 350 victimes. Sur le moment, l’action est condamnée par Akhmed Zakaïev (réfugié à Londres), porte-parole du « gouvernement tchétchène en exil » qui bénéficie entre autres du soutien de l’ACPC évoquée plus haut. Seulement quelques mois à peine après la prise d’otage de Beslan, Bassaïev est nommé vice-premier ministre de ce même gouvernement en exil. La distinction élaborée par les puissances occidentales entre « rebelles modérés » et « terroristes » – qui resservira en d’autres occasions – se révèle alors pour ce qu’elle est : un artifice de communication.

En 2013 un article du Telegraph de Londres a rapporté le contenu d’une discussion entre Bandar Ben Sultan (déjà cité à propos de sa proximité avec l’administration américaine) et Vladimir Poutine lors de laquelle celui qui était à l’époque le chef des services secrets saoudiens tente de monnayer un assouplissement du soutien russe au régime d’Assad. Il aurait également, au cours de la négociation, offert la garantie d’une « protection » des Jeux Olympiques d’hiver qui devaient se tenir à Sotchi l’année suivante, et que les djihadistes tchétchènes [19] avaient juré de frapper, en disant : « les groupes tchétchènes qui menacent la sécurité des Jeux, c’est nous qui les contrôlons » [20].

Plus récemment, dans le conflit ukrainien qui éclate en 2014, certains djihadistes tchétchènes opposés au président Ramzan Kadyrov rejoignirent le front des nationalistes contre les séparatistes russophones du Donbass. Le camp nationaliste, soutenu par l’UE et l’OTAN comprend dès lors les néo-nazis du régiment Azov et des djihadistes tchétchènes du bataillon Djokhar Doudaïev. Tout ceci à deux heures de vol des principales capitales européennes.

Notons que c’est cette nébuleuse djihadiste de combattants tchétchènes dont le père du meurtrier de Samuel Paty était semble-t-il un soutien logistique (au titre de quoi il a demandé le statut de réfugié politique en France).


Manuel Valls, comme toujours à l’avant-garde du combat de la République contre l’islamisme, avec le ministre de l’intérieur saoudien Mohammed Ben Nayef Ben Abdulaziz à Riyad, le 13 octobre 2015

Il n’est sans doute pas de meilleur témoignage de l’hypocrisie de l’impérialisme occidental que son alliance stratégique avec les pétromonarchies du Golfe, dont l’Arabie Saoudite. « Le régime de Riyad, issu du wahhabisme (islam rigoriste), finance ici et souvent là des mouvements armés islamistes. Washington le sait mais ferme les yeux, la dynastie royale est un fidèle pivot de la stratégie américaine dans la péninsule Arabique, et un fournisseur pétrolier de la première puissance mondiale » [21].

Ceci, bien sûr, vaut également pour la France. Au cours des quinquennats de Sarkozy et Hollande, marqués sur le plan intérieur par une fuite en avant islamophobe (de la loi interdisant le port du voile intégral à l’institutionnalisation de l’état d’urgence en passant par les débats nauséabonds sur l’identité nationale ou encore la déchéance de nationalité), les liens avec les pétromonarchies du Golfe se sont intensifiés, jusqu’à faire de l’Arabie saoudite le premier client de la France en termes de contrats militaires (aussi bien que le premier pays fournisseur de pétrole). Lors de son arrivée au pouvoir Emmanuel Macron s’est placé dans le sillage de ses prédécesseurs en signant le 7 décembre 2017 un contrat de 11 milliards d’euros avec le Qatar, notamment pour la vente d’au moins 12 rafales et de plusieurs centaines de blindés.

Or il est connu de tous que les pétromonarchies du Golfe sont les principales responsables de la diffusion planétaire du wahhabisme (référence intellectuelle majeure du djihad global), cette idéologie que nos gouvernants promettent désormais de traquer sans relâche. Mais n’est-ce pas le prince héritier d’Arabie Saoudite lui-même qui a récemment admis que la diffusion du wahhabisme avait été encouragée par les puissances occidentales à l’époque de la guerre froide pour contrer l’influence soviétique ? Entendre aujourd’hui Macron annoncer (selon des propos rapportés par le Canard enchaîné) que « les États qui encouragent le salafisme sur notre sol doivent être considérés comme des États hostiles » a quelque chose de comique.

Sur les rives méditerranéennes, il est également connu de tous que les pétromonarchies figurent parmi les premiers soutiens financiers et logistiques des djihadistes actifs en zone irako-syrienne [22] – ceux-là mêmes qui mettent en scène la décapitation de leurs prisonniers. Mais n’est-ce pas justement Laurent Fabius qui déclarait que le front Al-Nosra (anciennement affilié à Al-Qaïda) faisait du « bon boulot » sur le terrain contre le régime de Bachar Al-Assad, dont le même Fabius avait déclaré qu’il ne « mériterait pas d’être sur la terre » et dont la destitution constituait un objectif commun de la France et de l’Arabie Saoudite ?

Comme le résume Alain Badiou [23] : « Pour ce qui est de faire régner la terreur au nom de l’Islam pur et dur, les souverains d’Arabie Saoudite s’y entendent, sans qu’à ma connaissance aucun démocrate notoire ait jamais demandé qu’une armada de B-52 vienne les écraser. On soupçonne donc fortement qu’il y a, pour ces démocrates, terrorisme islamiste et terrorisme islamiste. Le premier, soutenu par les Américains, et donc, par voie de conséquence, ami de nos sociétés, doit être sinon admiré, du moins toléré. Voilons-nous la face, et passons. Le second qui, dans ses tortueux calculs, en vient à nous frapper : qu’on le stigmatise et qu’on l’anéantisse sous les bombes. Finalement, il s’agit de savoir où vous êtes exactement situé au regard de l’accès au pétrole ».


Djihadiste syrien équipé d’un missile MILAN de fabrication française

En règle générale, le Qatar et la Turquie financent les organisations liées aux Frères Musulmans tandis que l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis quant à eux sont davantage liés aux organisations de type salafiste-djihadiste (même si dans le cas du conflit syrien ces distinctions se révèlent assez poreuses). François Hollande a reconnu avoir soutenu l’opposition syrienne dès 2012, par l’envoi de matériel de guerre au sein des milices pour leur permettre de faire face à l’armée syrienne et à ses soutiens. Tactiquement, les djihadistes, plus aguerris au combat ont su prendre la main sur l’opposition militaire et se sont imposés comme seuls opposants réels, en justifiant du sang versé. C’est donc concomitamment que les diverses tendances allant des Frères Musulmans (Faylaq Al-Cham) jusqu’aux salafistes-djihadistes (Al-Nosra, Ahrar Al-Cham, Hayat Tahrir Al-Cham, etc.) et takfiristes dans le cas de l’EI, ont bénéficié d’armes, d’hommes et de fonds.

Dès décembre 2012, The Guardian notait ainsi que « pour partie, l’argent français est tombé entre les mains de groupes islamistes qui étaient désespérément à court de munitions et qui s’étaient tournés vers des groupes djihadistes proches d’Al-Qaïda, dans et autour d’Alep » [24].

Selon les révélations récentes du Parisien, il apparaît que le meurtrier de Samuel Paty, Abdoulakh Anzorov, était en contact avec au moins deux djihadistes russophones installés en Syrie et qu’il glorifiait Hayat Tahrir Al-Cham, le qualifiant de « meilleur groupe actuel à rejoindre ». HTC est issu du Front Al-Nosra, soutenu militairement et matériellement par le Qatar, avec l’aval des États-Unis et de la Turquie, comme l’a reconnu l’ex-premier ministre qatari Hamad Bin Jassim en personne. Une information d’ailleurs confirmée par le leader marocain du Front Al-Nosra, Issam Al-Hana, qui identifie le Qatar comme le « principal financier » de son groupe [25]. Ce sont ces mêmes djihadistes avec qui Tsahal coopère pour organiser l’acheminement des rebelles syriens blessés dont plusieurs milliers ont été soignés dans des hôpitaux israéliens ces dernières années [26].


Des chars Leclerc fabriqués en France déployés près d’Aden (Yémen) le 3 août 2015, durant une opération militaire contre des rebelles chiites hutis et leurs alliés

La France et plus généralement l’Occident portent également une lourde responsabilité dans la situation chaotique en Libye : le renversement de Mouammar Kadhafi sous Sarkozy puis l’ingérence française dans la guerre civile sont autant d’éléments démontrés dans la presse française. Les gouvernements Hollande puis Macron ont pratiqué la politique du funambulisme en ouvrant la porte aux différents camps qui s’affrontent pour ensuite commercer avec le vainqueur. Parmi ces factions en guerre, notamment dans le camp d’Al Sarraj soutenu par l’ONU figurent des bataillons de mercenaires islamistes, dont certains ont exercé en Syrie. Jean-Yves Le Drian est l’interlocuteur de ce camp appuyé financièrement et logistiquement par le Qatar et la Turquie [27].

Les pétromonarchies du Golfe, bien que concurrentes, servent de relais régionaux aux puissances occidentales. Elles participent par la suite au soutien à divers mouvements armés correspondant à différentes tendances politiques. L’implication de l’Arabie Saoudite et des Émirats Arabes Unis dans le conflit yéménite concerne donc la France, puisque ces deux pays figurent parmi ses principaux clients, avec respectivement 1,3 milliards et 287 millions d’euros de matériel de guerre livré en 2019. La guerre civile au Yémen opposant des organisations soutenues par ces pétromonarchies et d’autres soutenues par l’Iran, toutes les forces militaires sont jetées dans la bataille. Les compromis avec des tendances djihadistes sont fréquents, notamment autour du parti Al-Islah réputé proche des Saoudiens.

*

De tout ceci la leçon semble claire. L’impérialisme occidental n’a jamais eu aucun mal à soutenir, armer, financer ou instrumentaliser des groupes djihadistes lorsqu’ils servaient ses intérêts. De l’Afghanistan à la Syrie en passant par la Yougoslavie, ceux-ci ont même bien souvent fait office d’alliés stratégiques dans le but de déstabiliser des régimes considérés comme hostiles ou rétifs à ses injonctions. Les puissances occidentales ont assumé depuis plusieurs décennies, et continuent d’assumer, un partenariat privilégié avec certains des régimes les plus réactionnaires de la planète qui sponsorisent, sur un plan aussi bien matériel qu’idéologique, le djihad global. Ce terrorisme islamiste que nos pays désignent comme leur ennemi mortel, ils ont largement contribué à le nourrir et à l’étendre. Et ils font mine de s’étonner du retour de bâton qui, épisodiquement, ne manque pas de se produire.

Car « l’Occident semble ne remarquer les incendies qu’il a lui-même provoqués aux quatre coins de la planète que lorsqu’il en ressent la chaleur et que les flammes le brûlent. Peu importe que les souffrances causées par certains événements dont il est coresponsable aient été infligées à une échelle beaucoup large dans la périphérie, avant même qu’il y ait un quelconque feedback dans le centre. En somme : ce qui se passe ici n’est qu’une fraction de ce qui se passe là-bas » [28].

« Ce qui se passe là-bas », c’est la poursuite des pratiques impériales sous une forme nouvelle, qui a pu être qualifiée de « zonage » : non plus l’installation d’un pouvoir métropolitain de gestion directe des régions dominées mais la destruction pure et simple des États, aboutissant à la constitution de « zones franches » livrées au gangstérisme et au pillage des firmes multinationales. La médiatisation du business de Lafarge avec Daech en Syrie n’est que l’exemple le plus spectaculaire de ce que le chaos infra-étatique provoqué par les interventions impériales, loin de porter atteinte aux intérêts capitalistes, leur permet au contraire de se déployer sans entrave.

Or le cynisme géopolitique dont nous parlons est allé de pair avec un approfondissement continu, singulièrement en France, du racisme d’État et de l’islamophobie, tant au niveau idéologique qu’institutionnel. L’État français s’est servi, depuis une dizaine d’années, de la recrudescence d’attentats islamistes sur son territoire, non pas bien sûr pour remettre en cause le moins du monde son positionnement international ni ses alliances géopolitiques, mais comme prétexte à un acharnement contre les musulmans de ce pays et à une agitation décomplexée des motifs identitaires, visant au fond à organiser la division du peuple, à empêcher son unification multinationale [29].

Il importe donc bien sûr de dévoiler l’hypocrisie du discours de la « guerre au terrorisme islamiste ». Mais il importe plus profondément d’articuler, ici même au cœur des métropoles du Nord global, lutte anti-raciste et lutte anti-impérialiste : renouer avec une capacité de mobilisation offensive contre les expéditions guerrières de l’impérialisme euro-atlantique (et dénoncer les prétextes faussement humanitaires dont il enrobe la plupart du temps ces dernières), résister à la criminalisation de la lutte contre le racisme structurel en continuant de s’organiser avec ceux et celles qui le subissent en première ligne.


Notes

[2Sur le « tournant schmittien » des démocraties libérales, voir Alain Brossat, « Les petits soldats de la nouvelle guerre froide en Asie orientale », ACTA, 21 octobre 2020.

[3Voir les déclarations belliqueuses de Macron rapportées par la presse ces derniers jours : « L’ennemi est clairement identifié. Il veut notre mort. Nous allons donc livrer un combat à mort… La République est bonne fille, mais elle ne se laissera pas violer. Si nous ne prenons pas ce combat à bras-le-corps viendra le temps difficile des affrontements et des milices. Nous allons décapiter les organismes islamistes. […] Je veux qu’à n’importe quelle heure du jour et de la nuit les islamistes se sentent en danger en France ».

[4Voir les dernières déclarations du ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer à ce propos.

[5Robert S. Dudney, « Verbatim Special : War on Terror », Air Force Magazine : 40–48,‎ décembre 2001. Sur le rapport de proximité entre Bandar Ben Sultan et la famille Bush, voir le film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11.

[6Selon certaines sources, l’idée de créer une « légion étrangère de djihadistes » pour soutenir le combat contre l’URSS en Afghanistan trouverait sa source chez Alexandre de Marenches, alors directeur du SDECE (renseignement extérieur français), anti-communiste revendiqué et fondateur en 1976 du Safari Club, au sein duquel il se réunissait avec ses collègues saoudiens et iraniens notamment. Voir Peter Dale Scott, La route vers le nouveau désordre mondial, Éditions Demi-Lune, 2010.

[7Il n’est d’ailleurs pas de meilleure illustration du soutien enthousiaste des puissances occidentales envers les djihadistes afghans que la dernière partie du film Tuer n’est pas jouer (quinzième opus de la saga James Bond, le premier où 007 est incarné par Timothy Dalton), sorti en 1987 – en pleine guerre d’Afghanistan donc. On y voit entre autres choses l’agent du MI6 s’échapper d’une base militaire soviétique en compagnie d’un individu qui se révèle être un commandant rebelle de haut rang – personnage au demeurant fort sympathique et fort souriant ayant fait ses études à Oxford – avec qui il se lie. À la toute fin du film, dans une scène qui n’a aucun rapport direct avec le déroulement de l’intrigue, Bond fait sauter un pont permettant aux valeureux moudjahidines à cheval de s’enfuir alors qu’ils étaient traqués par des soldats soviétiques sans pitié. Tandis que les blindés de l’Armée rouge sont détruits par l’écroulement du pont, les moudjahidines saluent la générosité de leur bienfaiteur – lui-même s’envolant vers d’autres cieux avec le sentiment du devoir moral accompli.

[8Denis Souchon,« Quand les djihadistes étaient nos amis », Le Monde diplomatique, février 2016.

[9Journal télévisé de la nuit de TF1, 29 décembre 1981.

[10La division SS Handžar, formée en mars 1943, qui comptera jusqu’à 21 000 combattants, était majoritairement composée de musulmans de Bosnie.

[11Jean-Arnault Dérens, « Bosnie-Herzégovine : présence et influence des réseaux islamistes transnationaux », disponible en ligne.

[12Voir Ana Otašević, « Les organisations combattantes irrégulières en Bosnie Herzégovine »,disponible en ligne.

[13Voir Richard J. Aldrich, « America used Islamists to arm the Bosnian Muslims », The Guardian, 22 avril 2002.

[14Jerry Seper, « KLA rebels train in terrorist camps », The Washington Times, 4 mai 1999.

[15Jean-Arnault Dérens, « Kosovo, un trou noir dans l’Europe (3/3) : le rôle des services français », Mediapart, août 2012.

[16Jean-Arnault Dérens, « Trafic d’organes au Kosovo : un rapport accablant », Le Monde diplomatique, 4 janvier 2011. On y apprend que « plusieurs centaines de prisonniers capturés par l’UÇK — principalement des Serbes du Kosovo, mais aussi probablement des Roms et des Albanais accusés de “collaboration” — auraient été déportés en Albanie, en 1998 et 1999. Emprisonnés dans plusieurs petits centres de détention, certains d’entre eux auraient alimenté un trafic d’organes. Les prisonniers étaient conduits vers une petite clinique située à une quinzaine de kilomètres de l’aéroport international de Tirana lorsque des clients se manifestaient pour recevoir des organes. Ils étaient alors abattus d’une balle dans la tête avant que les organes, principalement des reins, soient prélevés. Ce trafic était conduit par le “groupe de la Drenica”, un petit noyau de combattants de l’UÇK regroupés autour de deux figures clés : M. Hashim Thaçi, actuel Premier ministre du Kosovo, et M. Shaip Muja, alors responsable de la brigade médicale de l’UÇK et aujourd’hui conseiller pour la santé de ce même Hashim Thaçi ». Lorsqu’il fut demandé à Bernard Kouchner, ancien chef de la Mission des Nations Unies pour le Kosovo et ami revendiqué d’Hashim Thaçi, de commenter ces révélations, il éclata de rire et conseilla au journaliste « d’aller se faire soigner ».

[17Voir John Laughland, « The Chechen’s American Friends », The Guardian, 8 septembre 2004.

[18Levon Sevunts, « Who’s calling the shots ? Chechen conflict finds Islamic roots in Afghanistan and Pakistan », The Gazette, 26 octobre 1999.

[19Voir Axel Gyldén et Alla Chevelkina, « Sotchi : le Ben Laden du Caucase qui défie le Kremlin », L’Express, 6 février 2014. Dokou Oumarov prend en juin 2006 la suite d’Abdoul-Khalim Saïdoullaïev (lui-même successeur d’Aslan Maskhadov) à la tête du gouvernement séparatiste tchétchène et nomme Bassaïev vice-président (quelques jours avant la mort de ce dernier). En 2007 il prend l’initiative d’abolir la « République Tchétchène d’Itchkérie » et proclame « L’Émirat du Caucase ». Il revendique les attentats du 29 mars 2010 à Moscou qui ont fait 39 morts et 102 blessés.

[20Ambrose Evans Pritchard, « Saudis offer Russia secret oil deal if it drops Syria », The Telegraph, 27 août 2013.

[22Voir par exemple Patricia Neves, « Soutien au terrorisme : l’Arabie Saoudite se blanchit sur le dos du Qatar », Marianne, 5 juin 2017.

[23Alain Badiou, Circonstances 1. Kosovo, 11 septembre, Chirac/Le Pen, Éditions Léo Scheer, 2003.

[24Martin Chulov, « France funding Syrian rebels in new push to oust Assad », The Guardian, 7 décembre 2012.

[25Henar Hernández,« Le Qatar et le front Al-Nusra : radiographie d’une relation », Atalayar, 26 juin 2020.

[27Voir le dossier du Monde diplomatique dans son édition papier de septembre 2020.

[28Giacomo Marchetti, « L’Occident peut-il vaincre le terrorisme islamique ? », Contropiano, 21 octobre 2020.

[29Dans un récent post Facebook, Houria Bouteldja propose une intéressante analyse de la séquence en termes de volonté de renforcement, par l’État, de ce qu’elle appelle le « pacte racial », face à la menace de son usure potentielle manifestée entre autres par la « convergence des indigènes, du mouvement social et des Gilets Jaunes contre la police », ainsi que par une « meilleure compréhension à gauche du phénomène islamophobe et du racisme structurel ». Ce renforcement d’un « pacte racial » fragilisé est vital, du point de vue du pouvoir, pour « continuer de lier le sort du monde ouvrier blanc à l’État bourgeois » et empêcher ainsi la constitution d’un bloc contre-hégémonique.

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