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Le CRIF, cible d ’ un slogan antisémite et complotiste « rouge-brun » d’origine fasciste

posté le 21/06/18 par http://haguesher.com/2017/12/20/le-crif-cible-dun-nouveau-slogan-rouge-brun/ Mots-clés  antifa 

Chez les propalestinien-ne-s et dans les rangs de la gauche radicale ou de la droite-extrême, il est devenu banal d’exiger « la séparation » de l’organisation juive et de l’Etat. Un mot d’ordre délirant aux origines fascistes dangereusement modernisé…

Un nouveau mot d’ordre se généralise désormais dans les rangs des « ami-e-s de la Palestine » en France. Ce slogan, appelant à « la séparation du CRIF et de l’Etat ». Il a même été inscrit sur la banderole déployée Place de la République, dans la capitale, par l’association radicale EuroPalestine.

- > Le mot d’ordre en question n’est pas une création ex nihilo. Il a une histoire.

Le 6 février 1959, pour le vingt-cinquième anniversaire des émeutes antiparlementaires de février 1934, mythe fondateur de l’extrême-droite hexagonale, le leader nationaliste Pierre Sidos organisait un grand meeting parisien exigeant « la séparation de la synagogue et de l’Etat ». L’expression faisait référence à la loi de 1905, qui stipule que « la République ne reconnaît et ne subventionne aucun culte ». Elle laissait entendre que le gouvernement était prétendument soumis au pouvoir caché des Juifs.

Aujourd’hui, le CRIF cristallise cette vision complotiste des événements politiques et/ou diplomatiques. Le slogan « pour la séparation du CRIF et de l’Etat » date de 2012. Il s’est propagé peu à peu sur les réseaux sociaux, puis dans les manifestations de l’été 2014 (pendant la guerre contre le Hamas), mais sa banalisation est récente.
Lors de la campagne pour les législatives du printemps 2017, le mouvement d’extrême-droite Civitas l’a popularisé dans ses rangs. Christophe Kantcheff, rédacteur en chef de la revue gauchiste Politis, a accusé la LICRA, à la même époque, de « distiller un soupçon infâme » parce que l’association antiraciste avait dénoncé le caractère antisémite du slogan.
Au centre du réquisitoire : le fameux dîner annuel de l’organisation juive qui réunit chaque hiver une bonne partie des dirigeants de ce pays. La soirée, simple démonstration d’amitié qui n’a guère d’incidence sur la conduite des affaires de la France et surtout pas du Quai d’Orsay, représente pourtant l’épine dorsale de « l’argumentaire » d’Anne Kling, une proche du propagandiste néo-nazi Alain Soral et auteure d’un brûlot intitulé « Le CRIF, un lobby au cœur de la République », paru en 2010.

En 2018, nul ne semble scandalisé chez les militant-e-s de La France insoumise ou du Parti communiste, quand l’appel à « la séparation du CRIF et de l’Etat » est lancé sur le pavé parisien par les propalestinien-ne-s. Le slogan est pourtant d’origine fasciste.

Sur le fond, il est d’autant plus délirant que l’institution visée n’a rien d’un lobby à l’américaine : elle dispose de moyens financiers et humains de plus en plus réduits, avec un nombre très faible de permanents, d’une audience limitée au sein des pouvoirs publics – et d’une influence souvent nulle, comme on l’a vu récemment, quand le CRIF a prêché dans le désert en demandant au président Emmanuel Macron d’emboîter le pas de Donald Trump et d’entériner le statut de Jérusalem, capitale d’Israël.


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