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Libération nationale et autodétermination populaire au service du patronat

posté le 27/05/18 Mots-clés  Peuples natifs 

De même, le « nihilisme national » serait une formule que notre tradition antinationaliste, voire anationaliste, adopterait avec succès si elle ne renvoyait à un obscurantisme négateur en fait de l’existence des nations alors que nous la nions en principe.

Enfin, la théorie des autonomies culturelles est aujourd’hui un projet que les idéologues de l’Union européenne couvent de leurs yeux doux, comme on le découvre par exemple en lisant ce qu’écrivent Stéphane Pierré-Caps et Claude Tixador à propos du livre de Renner, La Nation, mythe et réalité (...)

On le voit, aucune de ces propositions marxistes ne saurait convenir au mouvement anarchiste, dont la position pourrait s’apparenter à celle du « Subversion Group » à propos de la question irlandaise.

Pour lui, le droit à l’autodétermination est un odieux dérivatif, bien que revendiqué par une partie de l’extrême gauche : « Beaucoup de groupes de gauche qui débattent quant à la position britannique face à l’Irlande du Nord, le font en fonction de ce en quoi ils croient : le principe d’"autodétermination", en opposition à l’impérialisme. Le Revolutionary Communist Party (RCP), dans sa brochure Pourquoi nous nous battons dit, à chacune de ses publications, qu’il soutient l’"autodétermination irlandaise". Le slogan du Mouvement pour le départ des troupes (Troups Out Mouvement, TOM) est : "Autodétermination pour le peuple irlandais dans son ensemble". Le TOM définit l’"autodétermination" comme "le droit d’un peuple à l’intérieur d’une nation à se déterminer quant à ses propres domaines politico-socio-économiques, ce, indépendamment de tout contrôle extérieur". En promouvant ces "droits", des groupes de gauche tels que le RCP et le TOM donnent de la crédibilité à deux mythes dangereux. D’une part, le fait de parler du "peuple" ou de "la nation" en tant qu’entités homogènes s’oppose au fait que la société capitaliste est divisée en classes mutuellement antagonistes. Le "peuple en son ensemble" n’a jamais déterminé ses propres "choix politico-socio-économiques". Dans tous les pays, les choix politico-socio-économiques ont été déterminés, en fonction de ses intérêts, par la classe dominante. Ce qui est présenté pour le plus grand bien de la nation l’est en fait au bénéfice des patrons. Toute idéologie qui nie ce fait se présente comme une barrière qui doit être anéantie au moment où les travailleurs affirment leurs propres intérêts de classe. […] En brandissant le "droit à l’auto-détermination", le TOM encourage les travailleurs à gaspiller leurs efforts en vue d’accomplir quelque chose qui ne peut être qu’inachevé. Au XXe siècle, le résultat typique des luttes de libération nationale a abouti à l’un ou l’autre de ces scénarios. Chaque puissance impérialiste abandonnait tout contrôle politique direct mais continuait à exercer sa domination au niveau économique ; ou alors l’Etat "client" se libérait totalement de la domination d’un bloc impérialiste, mais uniquement en se plaçant sous l’emprise d’un bloc rival. En aucun cas, si l’on évoque tous ces précédents, il n’existe de lutte de libération nationale "réussie"[...] (180) »
(...)

180. « Subversion group », « Ireland, Nationalism and Imperialism, The Myths
Exploded », www.af-north.org/ireland2.htm, 1993, trad. « Bolet Satan ».

KARIM LANDAIS
"Anarchisme, nation, identité, culture - Régionalisme, nationalisme et anarcho-indépendantisme"
2008
p 58-59


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