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Voiture vigipirate brûlée : les journalistes et les flics piétinent le secret de l’instruction
Quelques heures après l’acte 13 du mouvement des gilets jaunes, et après qu’un homme se soit fait arracher la main par une grenade GLI F4 devant l’assemblée nationale, les médias et les chroniqueurs se sont scandalisés devant les images d’une voiture Vigipirate [1] en feu. Cette voiture a pris feu au pied de la tour Eiffel au moment où les affrontements étaient les plus vivaces.
Le lendemain, le Parisien, toujours à la pointe de la servilité, sort un article très détaillé sur la personnalité de l’auteur présumé des dégradations sur la voiture. Dans cet article on y trouve le nom et les pedigrees de la personne impliquée. On y lit ceci :
Selon des sources concordantes, le suspect, Thomas P., est âgé de 23 ans. Il est connu des services de renseignement, notamment de la Direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP), pour son appartenance à la mouvance anarcho-autonome.
Plus tard c’est un article détaillant tout le trajet et en suivant « l’itinéraire d’un casseur » dans les rues de Paris. Il n’est pas précisé quelles sont les sources mais il y a fort à parier que cela vienne des bandes vidéosurveillances qui quadrillent Paris [2]. Un papier du monde nous explique comment les flics suivent à la trace les manifestants avec l’aide de la vidéosurveillance mais aussi des films amateurs. Il semblerait que samedi des policiers en civil aient également suivi une partie du cortège.
Outre l’aspect profondément policier de la rédaction, nous avons été surpris de voir à quel point les informations sorties par les journalistes étaient précises. Force est de constater qu’elle ne peuvent venir que des policiers eux même, au mépris de la loi et du secret de l’instruction. Pour infos, la divulgation du secret de l’instruction est passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amendes.
Mais comment s’étonner de voir la loi bafouée par des gens qui confondent manifestations et ball-trap tous les samedis ?
Entre un dispositif policier qui s’est fait déborder, et une main arraché par une GLI F4, les flics et la préfecture ont eu besoin de déclencher un contre-feu médiatique pour garder la tête haute. L’interpellation ciblée du camarade, ainsi que la communication auprès des paillassons à flics, comme le figaro ou le parisien, montrent une stratégie rodée de la préfecture. Trouver un coupable, et en faire l’archétype du « casseur ».
On voit bien que les médias malgré leurs prétendue objectivité, suivent largement : on y parle de « son périple délinquant », de ses fait d’armes : « Coups de pied, usage de marteau et de pied de biche, jets de trottinette en libre-service ». Bref les médias font les juges. Piétinant le concept de présomption d’innocence (remarque pour eux il est dépassé depuis longtemps), ils recrachent ce que les flics leurs distillent. De l’autre côté, les condés font « fuiter » les informations pour alimenter la machine médiatique. Ces rapports où on suit les aventures du camarade, ont probablement été filés à tous les relais médiatiques de la préfecture , avant même que le copain y ai eu accès. Cette étape intermédiaire permet de justifier la répression judiciaire qui risque de suivre. Ainsi les flics se légitiment et justifient la répression en créant et agitant l’épouvantail classique du casseur, membre de la mouvance « anarcho-autonome » (NDLR l’usage de ce terme est d’ailleurs le meilleur moyen de reconnaître un flic).
Notes
[1] Plus d’informations sur le dispositif Vigipirate ici
[2] Vous pourrez regarder le site Sous-surveillance.net, qui répertorie les caméras présentes dans Paris.