RECLAIM THE NIGHT 2018 : violences policières et répression en masse.

Ce samedi 31 mars 2018, la répression s’est à nouveau abattue sur une manifestation bruxelloise.

La Reclaim The Night est une marche féministe en mixité-choisie, pour dénoncer les violences sexistes dans l’espace public. Nous réclamons le droit de marcher librement dans les rues, où les femmes et personnes trans sont exclues, où nous subissons le harcèlement et la violence constamment.
Après avoir subit une violence policière décomplexée lors de la précédente Reclaim The Night le 11 février 2017 (lien), nous avons choisi de marcher à nouveau ensemble hier soir sans se résigner au bon vouloir d’un État autoritaire et patriarcal qui nous opprime quotidiennement

Vers 20h30, après avoir marché dix minutes au départ de la place Ste-Catherine, un important dispositif policier nous a bloqué la route puis encerclé.es.
Notre cortège, composé d’une centaine de personnes, s’est retrouvé comprimé entre des lignes de robocop armés de leurs bouclier-casque-matraque, rue bloquée de tous les côtés par plusieurs combis, camions, voitures de police.
Pendant ce temps, des barrières Heras recouvertes de toiles ont été disposées tout autour de nous de manière à nous invisibiliser de la foule amassée aux alentours et des soutiens. Une fois à l’abri des regards les flics ont commencé à extirper de la nasse les personnes une à une de manière très brutale, plaquées au sol, tirées par les cheveux, fouillées, colsonnées et embarquées.
Certaines personnes venues en soutien se sont vues brutalisées également.

Colsons serrés nous sommes entassé.e.s dans bus et camionnettes, au rythme de doux « Tout le monde déteste la police » scandés par les nombreux.ses copain.es venu.es en soutien et repris par les personnes arrêtées dans les véhicules. On chante, on hurle, on tape des pieds, on rit, on se soutien, on se rassure, on est ensemble. Et on se moque bien évidemment de la situation absurde, démesurée, et des ploucs en uniforme qui ont enlever leur cerveaux pour pouvoir mettre leur casque et kepi.
Arrivé.es aux habituelles casernes d’Etterbeek, véritable village de bleus, le comité d’accueil est présent. Nous nous faisons sortir un.e à un.e, toujours attaché.es, une flikette filme chaque visage. Certaines personnes, refusant qu’on les prenne en photo, se penchent en avant, cheveux devant le visage ou capuche bien abaissée, un flic par militant.e, plusieurs se font brutaliser pour être mis.e face à l’appareil, une copine se fait étrangler dans un coin, d’autres plaquées violemment contre le mur, visages tenus de force en l’air, etc.
Ensuite disposé.es dans les cellules en nous distinguant bien entre « assignée femme » et « assigné homme », logique binaire de la Police, violence transphobe humiliante. S’y ajoutant bien sur les insultes, blagues sexistes, homo-trans-phobes …
Les dernières personnes seront relâchées vers 1h du matin.

Nous ne pouvons que constater que l’État et les autorités bruxelloises n’acceptent pas que de personnes puissent manifester, clamer leurs revendications sans passer par le processus d’ « autorisation » et de « négociation ». C’est à dire se voir imposer un parcours, un service d’ordre, des combis ouvrant et fermant le cortège.

Nous estimons que nous devrions avoir le droit de nous approprier la rue sans avoir à négocier.
Nous estimons avoir le droit d’être présent.es en nombre dans la rue.
Notre liberté ne se négocie pas, elle s’impose.

La Police nous sort un discours faussement poli en amont en nous disant qu’elle veut « simplement co-organiser l’événement » avec nous.
Nous trouvons extrêmement paradoxal de demander une autorisation à un État patriarcal pour pouvoir manifester contre lui.
Nous refusons donc de négocier avec la milice répressive et liberticide de ce même État. De plus, la Police, les autorités, sont un combo concentré de toutes les oppressions contre lesquelles nous nous battons, sexiste, transphobe, raciste, homophobe, le pouvoir par l’autorité, pour n’en citer que quelques unes.

Nous ne sommes pas à notre coup d’essai dans les milieux anar ou de gauche radicale, nous remarquons que de plus en plus les manifestations qui s’opposent à demander une autorisation à Bruxelles se font quasi systématiquement réprimées. Une semaine avant la RTN, la manifestation pour le droit au logement s’est faite avortée par un arsenal policier encore une fois complètement démesuré. Même schéma pour d’autres manifestations contre la loi anti-squat ils y a plusieurs mois, à la dernière Reclaim The Night, à plusieurs rassemblement place Bara ou à la Bourse.

Les autorités veulent nous décourager et nous affaiblir, elles veulent nous dissuader d’organiser de nouvelles manifestations ou rassemblements, elles veulent nous museler. Pour pouvoir atteindre cet idéal de ville ordonnée, où les personnes peuvent crier leur colère mais seulement un dimanche tous les six mois à 14h Gare du Nord, où nous pouvons habiter dans des bâtiments vides mais seulement légalement en passant par des gestionnaires, en faisant des beaux petits dossiers qui prennent des mois, en ayant plusieurs milliers d’euros sur un compte en banque.

Il est important que rien ne cesse, que des groupes autonomes et autogérés continuent à fleurir pour encore organiser des événements non-négociés et non-négociables.
Pour s’organiser ensemble face à l’Etat et ses clones.
Nous continuerons à foutre notre délicieux désordre au milieux de tous ces carcans.
Nous continuerons à désobéir, à se rassembler pour nos luttes,
Contre tout Etat et contre tout pouvoir.


publié le 1er avril 2018